Comment la financiarisation a-t-elle impacté le modèle bancaire allemand
La financiarisation a profondément impacté le modèle bancaire allemand, moteur du système économique fondé historiquement sur un modèle de banque universelle étroitement lié à l’industrie locale et basé sur trois piliers : banques privées, caisses d’épargne et banques coopératives.
Impact sur la rentabilité et les risques bancaires
Depuis le début des années 2000, la rentabilité des banques allemandes, notamment celles privées, a fortement diminué, notamment sous l’effet de la volatilité accrue des marchés financiers et de la nécessité de provisions plus importantes liées aux risques. Cette baisse de rentabilité est une conséquence directe de la financiarisation qui a amplifié l’exposition des banques aux fluctuations et crises du marché globalisé. En revanche, les banques régionales, telles que les caisses d’épargne et coopératives, qui restent attachées à la banque de détail et au crédit traditionnel, ont mieux résisté en maintenant une rentabilité plus stable.
Adaptation et restructuration
Face à la mondialisation et à l’intensification des marchés financiers, le système bancaire allemand a amorcé une phase de restructuration, marquée par des fusions, la spécialisation et une orientation vers la gestion d’actifs. La financiarisation a aussi induit une montée des exigences réglementaires (Basel II et III) qui ont fait évoluer la gestion des risques, renforçant la prudence dans l’octroi des crédits, surtout aux PME qui sont traditionnellement financées par les caisses d’épargne. Ainsi, le modèle allemand s’oriente vers une hybridation qui intègre des éléments de la finance de marché tout en conservant ses spécificités de l’économie sociale de marché.
Maintien du rôle des banques dans l’économie réelle
Malgré ces transformations, le lien solide entre banques, industrie et assurance reste un pilier du modèle allemand, différenciant ce dernier des modèles anglo-saxons plus centrés sur les marchés financiers. Ce modèle soutient un financement bancaire stable aux entreprises, notamment aux PME, garantissant un certain contrôle et une meilleure diffusion de l’information économique.
En résumé, la financiarisation a fragilisé certaines banques privées par la volatilité et la baisse des marges, tout en poussant à la restructuration du secteur bancaire allemand vers plus de spécialisation, prudence et hybridation des modèles. Le système bancaire en trois piliers perdure, équilibrant rentabilité, stabilité et un ancrage fort dans l’économie réelle, mais continuera d’évoluer sous l’effet des dynamiques financières globales et réglementaires. 1, 2
Références
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